vendredi 14 septembre 2007

Mal à l’estomac.

Ce mal d’estomac ne me lâchait pas. Probablement le kebab de midi qui ne passait pas. J’avais trouvé aussi que le goût était bizarre, plus animal que d’habitude, j’avais eu l’impression que la viande n’était pas très bien cuite, et à bien y réfléchir, je n’aurais peut-être pas du manger les morceaux avec les petits points blanc. Monter les escaliers menant à mon appartement se transforma en une épreuve, douleur croissante et flash insupportable se propageant dans mes poumons, dans ma colonne jusque dans mon crâne où elle explose en gerbe de couleurs dansantes, nuance de rouge. La douleur, tout le chemin du retour, était allé crescendo, mais assis dans le train, cela avait été beaucoup plus simple de le supporter. Je n’avais d’ailleurs repris conscience de l’étendue de la douleur qu’en devant me lever à la gare. Et tout le long du retour avait été une horreur… Ce trajet ne me prenait normalement qu’un petit quart d’heure… Là, j’ai eu l’impression de mettre une heure, marchant à petit pas, plié en deux… Et maintenant qu’enfin je voyais ma porte se découper dans le mur face à moi, j’étais suant et dégoulinant, ma chemise trempée me collant à la beau. Je me sentais sale et j’avais affreusement mal. Au moment où je mis la clef dans la serrure pour la tourner, la nausée monta d’un cran et j’eus peur de vomir ici dans le couloir. Me maîtrisant tant bien que mal, sentant la bile affluer dans mon œsophage, je tournais précipitamment la clef et entrais prenant juste le temps de claquer la porte derrière moi et, sans me retourner, je fonçais dans la salle de bain. Je relevais le battant et la lunette d’un même geste et me penchais en avant, persuadé que j’allais vomir tout le contenu de mon estomac. Je régurgitais effectivement un peu de bile, mais tout au plus deux cuillères à soupe qui vinrent flotter à la surface de l’eau tout en me brûlant horriblement la gorge. Mais loin de me soulager la douleur empira et me plia en deux, me jetant au sol. Je gémis en me tenant le ventre. Je m’aperçus à quel point il était tendu et dur. Quoique que j’ai attrapé, ce n’était certainement pas qu’une simple gastro-entérite. Après quelques minutes sans bouger, les muscles ankylosés et ayant affreusement froid sur le carrelage, la douleur reflua quelque peu et je me risquais à me relever tout doucement. Au moindre signe de douleur, je stoppais la procédure et patientais jusqu’à ce que cela passe. Mon ventre gonflé buttait lourdement contre ma ceinture que je défis et j’ouvrais mon jean ce qui me soulagea quelques peu. Dans la pharmacie au-dessus du lavabo je cherchais un quelconque médicament, mais je ne trouvais rien qui correspondit à mon souhait. La douleur revenait, la douleur empirait. Je me suis à nouveau penché au-dessus de la cuvette, craignant une nouvelle remontée de bile, un spasme m’a secoué, extrêmement douloureux, mais rien n’est venu. J’ai alors aperçu mon reflet dans le miroir. Les yeux injectés de sang, profondément enfoncés dans leurs orbites, le visage blanc perlant de sueur. Que m’arrivait-il ? J’ai alors pris la décision d’appeler le S.A.M.U. Quoiqu’il se passe, je n’avais jamais été autant malade et je commençais à avoir peur, très peur, de cette douleur qui n’en finissait plus et de mon estomac gonflé au point où j’avais l’impression que la peau allait rompre.

Mais je n’ai jamais pu approcher le téléphone, à peine avais-je fait trois pas que je devais m’immobiliser. Je fus pris de vertige, d’une nouvelle nausée qui me força à vomir sur le sol quelques nouvelles gouttes de bile… Puis du sang. Mon Dieu ! Je venais de vomir du sang, et la douleur qui ne cessait de croître. Ma vue se voila, mes larmes coulèrent sur mon visage. La douleur était telle que je n’arrivais presque plus à penser. J’avais les deux mains plaquées sur mon estomac quand je le sentis. Je sentis sous ma peau, à l’intérieur de moi, un mouvement. D’abord, je suis resté interdit, n’osant même plus respirer, sentant ce feulement sous mes doigts, ne sentant pas le filet de bave s’écoulant sur mon menton. Je baissais le regard et je le vis. À cet instant, j’aurais pu hurler, si je n’avais pas eu si peur. La peau de mon estomac ondulait, comme si des centaines de petites souris couraient sous ma peau. Et là où les déformations se faisaient les plus fortes, la peau distendue laissée voir une masse sombre qui s’agitait à l’intérieur de mon corps. Mes lèvres se mirent à trembler et mes jambes cédèrent sous moi, incapables de me soutenir plus longtemps, je tombais à genou sans quitter mon ventre des yeux. C’est alors que ce qui avait grandi en moi décida de sortir.

Un spasme d’une violence que je ne pouvais même pas concevoir avant cela me saisit et me cabra jusqu’à ce que ma tête touche le sol. J’avais l’impression que mes entrailles se liquéfiaient et sortaient par mon anus et ma bouche. Cette chose commença à forcer sur mon diaphragme pour remonter le long de mon œsophage. Je ne pus plus retenir mes cris de supplicié. Je hurlais, je pleurais, je hurlais encore plus fort. Le son de mon propre cri était étrangers à mes oreilles et trouvés ses racines dans le sanctuaire animal qui siège en chacun de nous. Je produisais un son immonde en vomissant sans vomir. Ma poitrine était agité de soubresaut violent quand finalement quelque chose en moi se déchira libérant le passage pour la chose.

Mon hurlement fut étouffé, pendant que de ma gorge, horriblement distendue, répandant dans tout mon corps une douleur insupportable, annihilant toutes pensées, cette chose s’extirpait. Je sentis, par-delà la douleur, son corps humide et mou arriver sur ma langue, répandant dans ma conscience un goût de terre et d’algue mêlée. Je tombais sur le côté, incapable du moindre mouvement pendant que cette chose s’extirper de ma bouche, d’abord sa tête, que je ne pouvais qu’à peine distinguer, frémit à l’extérieur. Un sifflement s’échappa de celle chose tandis qu’elle finissait de s’extrait de moi, me libérant enfin de l’asphyxie et me laissant respirer avec difficulté.

Je vomis à sa suite un liquide vert brun épais ainsi que des morceaux de chair roses et blancs. Était-il possible que cela fût des parties de moi, des morceaux de paroi de mon estomac et de mon œsophage ? Une seconde contraction et je vomis du sang, beaucoup de sang, épais et noir, dans lequel se mêlaient d’autres morceaux de chair. Cette chose m’avait déchiré l’intérieur, elle m’avait broyé pour sortir, et maintenant je saignais abondamment de la bouche. Je sentis également le liquide chaud se répandre dans mon pantalon. Dans ma panique je tendais de laisser fermer ma bouche, mais peine perdue, si je voulais respirer, que devais absolument l’ouvrir, mes narines étaient remplies de sang et de glaires. Après quelques secondes, je pus enfin lever les rouvrir les yeux et regarder autour de moi.

La chose était là, à quelques dizaines de centimètres de mon visage. Elle ressemblait à une musaraigne d’un mètre de long couverte d’écaille, d’une couleur jaune orangé sombre et dotée de quatre paire d’yeux noirs sans pupille. Cette horreur me regardait, ou semblait me regarder, en dodelinant de la tête qu’elle maintenait à quelques centimètres du sol. Le reste de son corps s’enroula autour du pied de la table. Elle baignait dans la même matière que j’avais régurgité avec elle. Elle siffla une nouvelle fois à mon encontre, et plus que tout, je sentis dans ce geste, l’annonce d’une attaque. Tel un serpent, cette chose me jaugée, prête à m’attaquer si je faisais un geste trop brusque…

Quand nous nous fumes extirpées de cette prison de chair, désorientées, nous regardâmes ce corps dans lequel nous avions pu nous développer. Nous aperçûmes l’immonde animal, saignant de la bouche, déjà à moitié mort, nous sentions ses forces l’abandonner. Nous savions que nous avions détruit trop de ce corps pour que l’hôte nous survive. Aussi nous attendîmes patiemment la fin, tout en le regardant fixement, nous nous assurâmes qu’il ne constituait plus une menace. Elle prîmes le temps de l’observer. Les dents plates, pas de griffes, pas de carapace. Cet hôte faible et impotent était idéal pour le reste de nos corps qui viendraient, à travers et par nous, notre race prospérerait à nouveau sur cette planète. En attendant, nous commencions à avoir faim…

À l’extérieur de mon appartement, on frappa à ma porte. Quelqu’un m’avait entendu hurler tout à l’heure. Incapable de me redresser, j’essayais de crier à l’aide, mais ma gorge me faisait horriblement souffrir et seul un son faible et incompréhensible en sortis. Je tentais de lutter contre l’évanouissement qui obscurcissait ma vision, mais je ne suis arrivais qu’à retomber mollement sur le sol, incapable de bouger, trop faible pour cela. Au désespoir, j’entendis les pas à l’extérieur s’éloigner dans le couloir. Pourquoi m’abandonnez-vous à ce monstre ici ? Comme si elle avait attendu ce signal, la chose quitta le pied de la table et se rapprocha en rampant de moi. Elle toucha ma tête du bout de son immonde museau puis glissa vers le bas de mon corps. Je gémis lorsque ses dents pénétrèrent la chair de mon aine. J’aurais voulu hurler mais je n’arrivais déjà presque plus à respirer… Mais je ne perdais pas connaissance. La douleur était pire que tout et j’appelais la mort de toute mon âme. Mais je n’arrivais pas à mourir. Je la sentis farfouillant parmi mes tendons, arrachant mes muscles, déchiquetant mes intestins… Doucement, trop doucement, elle s’enfonça dans mon corps qu’elle avait quitté quelques minutes auparavant, s’en nourrissant, se repaissant de moi… Et je la sentis, pendant longtemps, dévorant mes entrailles et déposant en moi ses œufs… Quand finalement… Enfin… Mon esprit s’abandonna à l’obscurité…


--- Eleken,
Bon là je suis épuisé, au dodo, ce fut plus long que prévu.
En espérant que cela fasse plaisir de bon matin :o)
Dans l'attente de nouvelles :oP
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