Ma très chère amie,
Je suis navré de ne pas t’avoir écris depuis si longtemps. Je t’ai sans nul doute plongé dans une crainte non mérité. C’est que, vois-tu, cela fait un mois plein que nous marchons chaque jours un peu plus vers le nord, sous le couvert des arbres, avançant sur les positions ennemies pour les prendre et tenir. J’ai vu encore beaucoup de mort durant cette période. Autant chez nous que chez eux. Des enfants, voilà ce que nous sommes et ce qu’ils sont. Ou donc est cet empereur ? Ou est Napoléon Bonarkosy ? Ou sont ces généraux qui nous ordonnent chaque jours de mourir pour cette patrie que j’ai quitté et où seul toi peut pleurer pour moi… Oublis ces mots, cache ou mieux brûle cette lettre. Si de telle paroles se savait tu serais probablement fouettée en place publique et enfermée… Quant a moi, je serais exécuté d’un coup de lame dans la nuque sans aucun doute.
Je te demande pardon de n’être pas là. Je te demande pardon de ne plus avoir la foi en notre empire et dans l'empereur. Mais comment avoir la foi quant je vois ce que je vois. Je t’écris cette lettre du fond d’un trou, le cratère d’un obus et je la transmettrais dans quelques secondes à un homme, de mes amis, qui rentre au camps car blessé par un éclat à la cuisse. Au fond de ce trou, face à moi et à cette lettre, un autre homme. Un germain. Il est mort. C’est moi qui l’ai tué. Il s’est retrouvé face à moi, son arme s’est enraillée, il a crié, des insultes ou une supplication pour sa vie je ne sais pas, pendant que je lui tiré trois balles dans la poitrine à bout portant. Cette guerre est sale, cet homme aurait pu être mon ami, mon frère ou mon cousin, peut importe. Il ne voulait pas mourir. Comme moi. Et il a une famille j’en suis sur… Comme moi.
Je ne peux plus m’attardé, il attends pour partir et je ne peux le retenir. J’ai toujours espoir de revenir, de caresser ta peau et de baiser tes lèvres d’un poème fredonné. Par bonheur j’ai espoir. Je te promet de vivre et de revenir.
De toute mon affection, je t’embrasse,
Alexis.