dimanche 9 septembre 2007

Il est derrière la porte...

Haletante, la respiration emballée, incontrôlée, s’étouffant dans sa propre salive, elle pénétra dans son appartement en claquant et verrouillant la porte derrière elle. Aussi vite qu’elle le pu, elle s'aida de tout son poids pour faire basculer la bibliothèque. Celle-ci s'abattit avec fracas sur la porte d'entrée, les livres qu'elle contenait s'éparpillèrent sur le sol comme autant d'oiseaux qui seraient venus s'écraser ici. Immédiatement derrière, un coup très puissant ébranla la porte et secoua le meuble, suivi presque simultanément d’un second qui fit craquer le bois qui commença à se fendre. Le son des coups résonnait en dissymétrie avec les battements de son cœur qui pulsaient en douleur dans son crâne enfiévrait. Elle regarda, paniquée, autour d’elle si elle voyait quelque chose pour l’aider, mais rien ne semblait pouvoir retenir cette monstruosité qui usait de toute sa force pour pénétrer l’appartement. Cette chose allait la tuer, elle en était sûre. Cette chose aller lui faire mal, lui arracher les chairs et la dévorer. Un hurlement terrifiant s’éleva de l’autre côté du mur, empli de rage, rempli de puissance, un cri animal et sans compassion. Elle frémit malgré elle, ses jambes manquant de se dérober sous elle. Elle s’éloigna de la porte en tremblant cherchant désespérément un endroit où se cacher. Son appartement ne comportait malheureusement pas de porte entre l’entrée et le salon. Elle se précipita dans celui-ci, sortir par la fenêtre était inconcevable, elle habitait bien trop haut, elle se jeta alors littéralement dans la salle de bain attenante et verrouilla la porte derrière son dos au moment où une explosion de bois retentissait à quelques mètres, suivi du bruit de pas lourds et rapides. Il était rentré. Les larmes submergèrent sa vue, et de petits sanglots s’échappèrent de sa bouche sans qu’elle pu les réprimer. Un grognement jaillit de l’autre côté de la porte et résonna contre les murs. Les pas se rapprochèrent, le son de sa respiration rauque de bête se rapprocha d’elle. Elle avait beau tourner la tête en tout sens, il n’y avait rien ici qui puisse l’aider, elle s’était elle-même enfermée dans un cul-de-sac sans issue. Un son de raclement ébranla la porte qui lui apparu comme insignifiante face à la puissance de ce qui se trouvait derrière. Ses griffes déchiraient avec aise ce bois trop fin. Un coup et une large fissure apparue en son centre tandis que le loquet était arraché à moitié du mur de plâtre… Le temps s’éternisa… Elle savait que le prochain ouvrirait la porte… Au prochain, il se jetterait sur elle et planterait ses crocs dans son corps. Elle prit conscience de l’odeur de fauve qui avait empli la pièce… Il attendait de l’autre côté de la porte, il faisait durer le temps avant de venir la massacrer, profitant des effluves de peur qui s’échappaient d’elle… Complètement désemparée, ne cherchant même plus à cacher ses sanglots, elle monta dans la baignoire et s’y assis après avoir tiré le rideau de douche. Elle se laissa aller là au désespoir et à la résignation. En position de fœtus elle pleura et hurla sans retenue pendant la longue minute qui s’écoula… Puis elle se tue… Et la porte s’ouvrit avec violence sur sa silhouette immense et monstrueuse…

--- Eleken,
Un petit texte plaisir avant un bon dodo :o)
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