mercredi 16 novembre 2005

TF1 - L'incroyable cafouillage de Sony

Jusqu'où une maison de disques peut-elle aller pour protéger les CD qu'elle distribue ? La frontière est encore floue, mais à en croire le scandale qui ne cesse de grossir sur le web, Sony-BMG l'a allègrement franchie avec sa dernière technologie de protection.

Celle-ci, intégrée à pas moins de 4,1 millions de disques, installe sur le PC, et à l'insu du consommateur, un rootkit, soit un programme qui se dissimule au plus profond du logiciel système pour y cacher toute trace de ses activités. D'abord découvert par la société F-Secure suite à l'alerte de l'un de ses clients, le rootkit a surtout été exposé par un ingénieur, Mark Russinovitch, qui est tombé dessus après avoir joué sur son PC un disque du groupe Van Zandt. Il l'a évoqué sur son blog, et l'affaire a pris une telle ampleur que le manager du groupe en question a lui-même critiqué Sony-BMG pour ses pratiques.

Informations recueillies en douce ?

Le rootkit était a priori inoffensif. Il a néanmoins été étiqueté "code malicieux" par plusieurs sociétés de sécurité. En effet, un auteur de virus pourrait en profiter pour l'exploiter et lancer ainsi des programmes destructeurs couverts... par celui de Sony-BMG.

S'il n'y avait que le souci de sécurité informatique... Mais le dispositif porte également atteinte à la vie privée. A l'origine, il était censé empêcher les utilisateurs de faire plus de trois copies d'un CD. Mais ainsi dissimulé, il pourrait permettre à Sony de recueillir toutes sortes d'informations : fréquence d'écoute, nombre de transferts sur le PC... Quant au droit d'usage, il fait l'objet de restrictions hallucinantes. Repérés par l'Electronic Frontier Foundation, et relayés en France par le blogueur Tristan Nitot, les conditions d'usage comprennent l'interdiction d'écouter la musique importée si l'on déménage à l'étranger, ou l'impossibilité d'utiliser la musique pour illustrer un diaporama, même dans le cadre privé.

La gravure, nouvelle cible

Après les weblogs, la colère a atteint le site marchand Amazon, où les acheteurs du disque des Van Zandt appellent au boycott de la maison de disques. Celle-ci, après avoir publié un patch correctif qui ne fonctionnait qu'après avoir fourni son adresse mail, a fini par annoncer qu'elle suspendait la fabrication de CD protégés par cette technologie. Le même jour, Windows annonçait que son logiciel anti-spyware bloquerait le rootkit de Sony.

Ce triste épisode intervient alors qu'en France, l'Assemblée nationale s'apprête à voter la transposition de la directive européenne sur les droits d'auteur qui comprendrait, selon ZDNet, un amendement interdisant les logiciels d'échange de fichiers n'intégrant pas de DRM et punissant le contournement de protections. Le New York Times explique pour sa part qu'après les réseaux peer-to-peer, les maisons de disques américaines ont désormais pour cible les gravures faites entre proches. L'avenir s'annonce... verrouillé.



El, will be a china inhabitant

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