mardi 2 août 2005

Le contrat nouvelle embauche lancé dans l'urgence

PARIS (Reuters) - Deux mois après l'arrivée de Dominique de Villepin à Matignon, le conseil des ministres a adopté les ordonnances du "plan d'urgence pour l'emploi", notamment le dispositif-phare du projet gouvernemental, le contrat "nouvelle embauche".

Ce contrat sera applicable dès le 4 août, avec près d'un mois d'avance sur le calendrier prévu, a annoncé mardi Dominique de Villepin.

Destiné aux entreprises de moins de 20 salariés, il permettra de licencier un salarié, sans justification, dans les deux ans suivant son recrutement.

Interrogé sur Europe 1, le Premier ministre a défendu ce contrat approuvé par le patronat mais rejeté par les syndicats, qui devraient se mobiliser pour septembre, et l'ensemble de la gauche dénonçant ce "mauvais coup de l'été".

"70% des contrats sont des CDD et la moitié de ces contrats ne durent pas plus d'un mois (...) Entre ces contrats qui sont une forme aiguë de précarité et le contrat que nous proposons, il y a un fossé. Donc, c'est un progrès tout à fait considérable", a-t-il dit.

Lors du dernier conseil des ministres avant la pause estivale, Jacques Chirac a salué mardi matin la "remarquable rapidité d'action du gouvernement".

"Les mesures urgentes pour l'emploi démontrent la volonté du pays à dépasser les solutions traditionnelles et à se moderniser en profondeur", a dit le chef de l'Etat, dont les propos ont été rapportés par Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement.

"L'urgence, c'est l'emploi (...) Les outils sont en place pour déclencher une dynamique nouvelle sur le marché du travail", a-t-il ajouté.

Le contrat nouvelle embauche fait partie des six ordonnances du plan d'urgence destiné à faire baisser le chômage, première préoccupation des Français.

En France, le chômage s'établissait le mois dernier à 10,1% de la population active, l'un des taux les plus élevés de l'Union européenne.

Le Medef, qui prône depuis longtemps un assouplissement des procédures de licenciement, souhaiterait que le contrat nouvelle embauche soit étendu à l'ensemble des entreprises mais Dominique de Villepin a réaffirmé qu'il ne s'appliquerait qu'aux entreprises de moins de 20 salariés.

PAS D'ENGAGEMENT CHIFFRE

"Je ne veux pas créer de l'instabilité juridique. Ce dispositif vaudra pour les entreprises de moins de 20 salariés", a-t-il souligné sur Europe 1.

Le Premier ministre s'est refusé à prendre un engagement chiffré. "Nous nous donnons toutes les chances. Nous prenons tous les moyens pour y arriver. Je ne prends pas d'engagement chiffré", a-t-il dit.

Son ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, a estimé qu'il y aurait "encore de mauvais chiffres du chômage" mais que l'ensemble des mesures prises par le gouvernement en faveur de l'emploi devraient avoir des "effets massifs dans les dix-huit prochains mois".

Selon les prévisions de l'Insee, le taux de chômage descendra sous la barre des 10% à l'automne pour atteindre 9,8% en décembre prochain, avec une croissance estimée à 1,5%.

"L'emploi, c'est quelque chose de très complexe et les entrepreneurs se déterminent en fonction de nombreux paramètres. Le premier paramètre, c'est bien sûr les perspectives de croissance, les perspectives de marché", a rappelé Dominique de Villepin. Il a estimé qu'en 2005 la croissance se situerait entre 1,5% et 2%.

Les syndicats et l'opposition considèrent que le plan pour l'emploi n'aura pas d'impact sur les chiffres du chômage et développera la précarité.

"Les mesures ne devraient pas améliorer la situation du marché du travail", a estimé le secrétaire général de la CGC, Jean-Louis Walter, qui a annoncé pour la troisième semaine de septembre "une mobilisation unitaire" contre ce plan du gouvernement.

"Ce projet ne vise pas la croissance et la création d'emplois, mais de nouveaux moyens à la disposition des employeurs pour développer la précarité du travail", a estimé Maryse Dumas, numéro deux de la CGT.

Les mesures gouvernementales seront "sans effet réel sur l'emploi et le pouvoir d'achat", a renchéri le socialiste Julien Dray, pour qui ce dispositif va créer une "insécurité sociale".

Ces ordonnances porteront un "coup décisif au droit de travail" puisque dans plus de la moitié des entreprises françaises désormais, "le CDD deviendra la règle et le CDI l'exception", a-t-il dit.

Juste un petit break dans les vacances pour rappeller le passage en force sous une forme peu démocratique d'une "solution" pour redonner de l'emploi en France.

Wait & see

Eleken.

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