jeudi 28 septembre 2006

Improvisation du matin : Septembre 1953

Les vieux du village raconte une histoire composée de sornettes et de devinettes. Lorsque vous approché d’eux, que vous pouvez dévisager leurs traits déformé par l’arthrite, sentir leur halène chargé et ressentir les années qui pèse sur leur épaules, déjà vous ressentez un certain malaise. Peu après vous comprenez que ce malaise n’est pas normal, que nul personne âgée n’a jamais provoqué chez vous pareil ressentiment. Une malignité rode dans l’air, l’odeur du marécage proche charge l’atmosphère de relent putride et malsain, qui vous font peu à peu acquérir la certitude que le mal rôde en ce lieu.

Et puis un jour viens où vous la voyez, de loin, une ombre dans le brouillard. Vous êtes terrifié au petit matin, l’air froid et humide s’insinue par chacun des trou de vos vêtements et frappe votre peau nue avec une vivacité surnaturelle. Vous regrettez d’être sortis ce matin là attiré vers le marais sans raison valable, comme guidé par la main du démon. Vous savez qu’il ne faut pas sortir, vous savez de chaque fibres de votre être que c’est le mal qui vous attends et que seul le foyer chaud de votre cheminée peut vous protéger. Mais vous ne pouvez faire autrement. Vous suivez cette voix qui vous guide, cette voix que vous n’entendez pas. Et j’y suis allé. Et je l’ai vu. Et serait-ce la bonté de seigneur que de m’être réveillé à temps mais, alors que son ombre flottante apparaissait au travers du voile matinale qui charge son marais, j’ai pu fuir, le sang glacé, à travers la lande jusque chez moi, où je suis resté cloitré pendant dix jours. Chaque nuit j’avais l’impression maudite, que des ongles venaient gratter sur mes volets clos.

Et ce midi, lorsque le soleil fut suffisamment haut, je suis sortis et j’ai effectivement trouvé des traces de lignes étranges sur le bois de ma maison, à environ un mètre du sol, et d’autre traces sur le sol, comme de large trainée de quelques vil serpent géant qui aurait écrasé l’herbe alentour. Je suis allé alors au village. Et dans le café où j’ai passé l’après-midi à boire, j’ai fini par répondre à la question d’un vieux qui me disait que j’avais sale mine. Je lui ai raconté que, dix jours auparavant, j’étais allé, comme guidé, jusqu’au marais au petit matin, et que là-bas j’y avais eu l’impression d’un danger mortel imminent, et que m’étais enfui, et que depuis je faisais d’horrible cauchemar. Il m’a alors regardé avec un horreur bien réelle et s’en ai retourné aussi vite que le porter ses vieilles jambes à l’extérieur de l'établissement.

Cet alors qu’un autre vieux, assit, ratatiné, sur sa chaise à ma gauche, qui n’avait pas bouger de tout l’après midi, comme mort, leva vers moi s’est yeux humides et me dit d’une voix pâteuse et dure à saisir. « Tu l’as vu mon gars. Que dieu ai ton âme. ».

Je lui demandais alors qui, quoi, qu’est-ce que j’avait vu. Mais il ne répondit pas et je finis par me résigner à partir, plus angoissé que jamais. Mais sur le pas de la porte, sa voix m’arrêta à nouveau. « Redhoreen. La sorcière du marais. ». Et plus personne en ce lieu ne prononça un mot avant que je fus sortis, le cœur froid d’une peur qui ne me quitta plus jamais.


Eleken,
Bienvenue en Automne

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