mercredi 14 décembre 2005

RFI - Dette publique : Le mal français…

On ne nous cache rien. Et on nous dit tout, ou presque... mais avec retard. Il aura fallu attendre, en effet, la décision de celui qui pense, et avoue, que la France vit au-dessus de ses moyens pour se faire une idée très précise de ce que représente la dette publique. Thierry Breton, l'été dernier, avait demandé à Michel Pébereau, le président de BNP-Paribas, un rapport sur les comptes du pays. Il sera présenté aujourd'hui. Des comptes calamiteux avec une dette totale de 1 100 milliards d'euros soit près de 18 000 euros par Français. Un chiffre qui donne le vertige d'autant plus qu'il faut ajouter, les engagements à moyen terme : 900 milliards pour la retraite des seuls fonctionnaires, promesse faite par le gouvernement qu'il faudra bien tenir.


En d'autres termes, ce qui surprend dans ce rapport Pébereau, ce n'est pas tellement le montant du déficit dont on se doutait qu'il avoisinait la somme avancée, mais le fait que le gouvernement ait choisi de communiquer sur ce sujet qui barbe tout le monde et qui se retrouve tout de même placé en tête des préoccupations de nos dirigeants. La dette, c'est ce que l'on doit. La dette publique, c'est ce qu'il faudra rembourser collectivement. La dette, comme dit le ministre de l'Economie, ce n'est pas une fatalité, ce que nous confirmons volontiers : la dette, c'est tout simplement le résultat d'une gestion. Or, en la matière, nous pouvons dire que tous les gouvernements de ces dernières années se sont employés à l'augmenter, trouvant sans doute qu'il est plus facile d'emprunter que de trouver des solutions originales pour maintenir l'économie à flot.



De Pierre Mauroy à Dominique de Villepin la machine s'est singulièrement emballée avec des accélérations quand Edouard Balladur et Alain Juppé étaient à Matignon. Seul le gouvernement de Lionel Jospin est parvenu à faire baisser sensiblement cette dette avant que celui de Jean-Pierre Raffarin, puis celui de Dominique de Villepin, ne la relance à la hausse. Une attitude qui fait dire aux auteurs du rapport qu'il faut rompre avec la facilité. Ce qui annonce d'autres réformes, réformes douloureuses, puisque pour rembourser il va falloir économiser, et pour économiser tailler. Ainsi, se défendant de proposer des mesures de droite ou de gauche, le rapport propose t-il un gel des dépenses de l'Etat, un retour à l'équilibre des comptes sociaux et une mobilisation de l'intégralité des plus-values fiscales.


Un plan d'une durée de cinq ans. Une législature, pendant laquelle la France ne vivrait plus au dessus de ses moyens et montrerait l'exemple en appliquant rigoureusement les recommandations Pébereau. Il en va de la crédibilité de l'action du gouvernement actuel. Désormais, les responsables politiques qui réclament volontiers des comptes sur le passé vont devoir se préoccuper de l'avenir pour de bon et non plus se contenter de gérer à vue en attendant les élections suivantes tout simplement parce qu'en se ruinant, l'Etat nous ruine...Cela annonce sans doute la fin de l'Etat-providence, la fin de l'Etat-infirmier, la fin de l'Etat-entrepreneur, la fin de l'Etat-commerçant, qui, comme le disait un historien de la troisième République, gère selon des méthodes qui conduiraient immanquablement un particulier à la faillite. Nous y sommes.

Patrice Biancone

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Contrairement à ce que vous dites hativement, Jospin n'a pas réduit les déficits (il les a à peine stabilisés en % du PIB, en période forte croissance).
Et même il a augmenté la dette plus vite que Raffarin, hors inflation.
Voir la démonstration avec tous les chiffres ici:
http://spiritoo.over-blog.com/article-1399590.html

Anonyme a dit…

RAPPORT SUR LA DETTE FRANÇAISE : L’OMBRE DE LA BCE ET DE L’OLIGARCHIE FINANCIÈRE ANGLO-AMÉRICAINE



Déclaration de Jacques Cheminade, candidat aux élections présidentielles en 2007, en date du 19 décembre.

Nous vivons au-dessus de nos moyens ; notre dette publique n’atteint pas 1117 milliards d’euros, mais 2000 milliards », s’exclament Thierry Breton dans La Tribune du 30 novembre et Michel Pébereau dans son rapport alarmiste du 15 décembre sur l’endettement de la France. Les banlieues brûlent, l’Etat se surendette, l’école échoue, bref, la France est en faillite !

Tout ce bruit n’est pas innocent. Il s’agit d’une opération concertée pour appliquer à notre pays une thérapie de choc ultra-libérale en désarmant la résistance par la menace et la panique. Deux faits sont révélateurs. Michel Pébereau, un proche du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, est aussi président du conseil d’orientation de l’Aspen Institute et fréquente de très près l’oligarchie financière états-unienne. Thierry Breton est lui aussi membre du même conseil d’orientation. Le 17 novembre, Standard & Poor’s, agence de notation de Wall Street et émanation de cette même oligarchie, a souligné que les principaux ratios financiers de la France s’éloignent des niveaux médians de la catégorie AAA, ce qui signifie que nous allons devoir payer plus cher l’argent que nous emprunterons. Or, voici quelques semaines, la Banque centrale européenne a révélé qu’elle allait désormais noter la dette des Etats membres selon qu’ils respectent ou non les critères de Maastricht, en s’appuyant sur les références de Standard & Poor’s, dans une tentative de forcer les Etats récalcitrants à appliquer les cures d’austérité qu’ils ont refusées jusqu’à présent.

La récréation est finie, crédit est mort, voici venus les temps de l’austérité, de la rigueur et de la souffrance. Il s’agit là d’une idéologie pétainiste.

Que propose en effet le bon docteur Pébereau ? Ramener les finances publiques à l’équilibre en cinq ans maximum, en réduisant le budget de 25 milliards en euros constants, allouer les recettes des privatisations en priorité au désendettement, supprimer les sureffectifs dans la fonction publique, reculer l’âge de départ à la retraite, réduire de 6 milliards les dotations de l’Etat aux collectivités territoriales. Sans surprise, Nicolas Sarkozy lui a apporté immédiatement son soutien, et un groupe de députés centristes (Hervé Morin, Maurice Leroy et André Santini) et sarkozystes (Manuel Aeschlimann, Françoise de Panafieu et Dominique Paillé) a souhaité aller plus loin, co-signant une proposition de loi pour réduire « impérativement de 10 milliards d’euros par an » le déficit budgétaire ! M. de Villepin s’est engagé à les suivre.

Cependant, ils trichent. Ils mettent sous le même chapeau le remboursement d’emprunts souscrits pour financer des dépenses passées et des engagements à venir, comme le coût des retraites, en réalité couvert par les contributions sociales. En montant en épingle quelques éléments de cet endettement, ils cherchent surtout à masquer les coûts infligés à l’Etat par la mondialisation et la dérégulation qu’eux-mêmes ont promues. La politique du gouvernement concernant l’emploi (emplois assistés et exonérations de charges sociales patronales) atteindra 32 milliards dans le budget 2006, pas loin des 40 milliards payés cette même année pour l’intérêt de la dette, dont Breton et Pébereau font un tel scandale. De plus, ce sont ceux qui crient aujourd’hui le plus fort qui nous ont endettés hier. Rappelons-nous, entre 1993 et 1995, les cadeaux faits par le ministre du Budget Nicolas Sarkozy pour tenter de faire élire Edouard Balladur.

On oublie de dire que notre taux d’épargne est de 17 %, ce qui est une assurance pour l’avenir. Surtout, bien rares sont ceux qui, comme nous, rappellent qu’une dette se paye avec de la croissance et la création d’emplois qualifiés.

Le choix aujourd’hui est entre la politique Laval-Brüning et celle de Roosevelt. Avec les mêmes conséquences qu’hier.