samedi 14 juin 2008

Noir ou blanc

J'ouvre les yeux.

Mes yeux sont ouverts.
Mais que voient-ils ? Qu'est-ce que je vois ?

Du noir, du noir partout, je ne vois rien... Je ne sens rien... Une tache plus clair, tout est flou. Où suis-je ? Je commence à me rappeler. Une lumière étincelle au-dessus de moi, s'étoile, me force à bouger la tête. J'ai mal au yeux... J'ai l'impression que mon cou est en bois et qu'il craque lorsque je le bouge avec difficulté. Je suis allongé sur le dos... Comme collé au sol, je n'arrive pas à décoller les épaules... Je me rappelle. J'ai terriblement soif. Je suis allongé sur le sol. Je ne vois que tu noir autour de moi. Des façades noires, une rue noire, une nuit noire. Un flash blanc m'aveugle, rend tout lumineux, uniforme. Je ne vois rien que du blanc... Et puis, à nouveau, tout est noir. Pas sombre, noire, obscure, infinie, dense, palpable, noire. Une nuit noire... Mon dernier souffle. Une nuit noire, je bouge mes doigts vers cette partie de mon corps qui ne semble plus exister... Existe-je encore ? Mon ventre. J'ai mal. Je ne sais pas si je pleure, mes larmes mêlées de la pluie qui frappe mon visage. Pas de douleur, mais de quelques chose d'infiniment plus douloureux. Un rugissement terrible fait frémir mon corps et m'arrache un gémissement qui s'éteint doucement. C'est le tonnerre. Il y a eu l'éclair. Il y a le tonnerre. Lequel est pire ? L'un m'aveugle, l'autre m'assourdit, les deux me séparent de ce monde. Je suis entre ciel et terre, entre supérieur et inférieur, entre paradis et enfer, en noir et blanc, entre mes mains de Dieu et du diable. Mais je n'ai pas de degré d'acceptation, pas de nuances dans cet univers qui m'aspire en cet instant.... Je suis mourant. Pas de gris, pas de rédemption. Seulement le noir.

Je retire mes doigts de mon ventre et les ramènent devant mes yeux. Je vois clairement mes poignets blanc aux veines saillantes d'ombres obscures, mais mes doigts sont absents... Ils sont complètement noirs, rendu invisibles sur fond noir. Ils sont couverts de mon sang. Le sol sous moi est si confortable, toute envie de me battre contre ma mort qui s'approche s'envole de moi. M'échappe... Ma vie m'échappe... Et je suis là, sur le sol, mourant, sans faire le moindre effort pour vivre... C'était un coup de couteau je crois... Un coup... Pour te protéger, pour te défendre... Qui t'as voulu du mal ? Qui t'as donné ce coup ? Je ne l'ai même pas vu dans le noir. J'ai juste pris le coup. Et maintenant mon sang se refroidit tandis qu'il s'échappe de la plaie qui béait sur mon abdomen. Où es-tu maintenant ? Quelque part, répandant des larmes pour l'homme qui se soir meurt dans la nuit... Que la mort m'apparaît comme sereine en cette minute où je m'abandonne au Dieu miséricordieux qui m'accordera la rédemption, l'oubli, le néant, le pardon. Je n'ai pas été un honnête homme durant ma vie, j'ai fait beaucoup de mal, mais je suis heureux de mourir comme ça... Même si je suis seul cette nuit ? Où es-tu ? Je n'arrive plus à presser mes mains sur mon ventre et je les sens glisser jusqu'au sol où elle demeurent inertes. Je ne sais même pas si je respire. Je n'entends rien. Le noir est si calme. Je ne sens plus rien.

Un pétale s'envole dans le vent. Il vient de ma main entrouverte. C'est ton pétale. Celui de ton amour que tu m'as donné ce soir. J'essaye de bouger les doigts, mes le pétale s'envole... Déjà je ne le vois plus. Il était scintillant, blanc, noir, blanc, noir... Il palpitait dans le noir. Il s'est envolé... Mais il n'y a que le pétale qui se soit envolé. Ce que je ressens est toujours là. Je suis toujours là. Muré dans le silence par la faiblesse, par la nuit, par le noir. Je ne verrais peut-être plus jamais le jour. Je serais mort avant... Mais le jour existe encore...

Et tout à coup, je ressens tes lèvres sur les miennes. Doucement, du bout des tiennes, tu éfleures les miennes. Ce n'est pas un long baiser. Il est bref, mais emplie d'affection. Doux... Sensible... Bon... Il me réconforte... Mais déjà tu as disparue... Déjà tu n'es plus... A peine frôlées, déjà envolées... C'est moi... Je suis mort... Mon ange est venu me chercher... Ma vue... Le noir... Presque... Quelque chose bouge et glisse vers moi... Flotte vers moi... J'aimerais tellement tendre les bras vers lui... J'éprouve de la joie de le voir... C'est le pétale... Ton pétale... Il redescend sur moi... Et se dépose sur mon visage... Ton baiser... Mon ultime pensée avant de sombrer... Ce pétale... Qui symbolise tout... Qui contient tout... Ta douceur... Ta joie... Ta présence... Ton amour... Tu es le pétale... Je suis ce pétale... Venu m'accompagner... M'aider... Mon ange revenu... Je m'élève... Aspiré vers autre chose... Je ne suis plus... Qu'un reflet de ce que je suis encore... Je sombre... Un reflet vivant... Un corps mort... Le moment de savoir si je suis noir ou blanc... Je m'accroche un instant à ce monde...
A toi... Au pétale... Que j'aime.


--- Eleken,
Un vendredi entre noir et blanc, tendance gris sombre

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Un rugissement terrible fait frémir mon corps et m'arrache un gémissement dans la doucement."
Faute de frappe, correction automatique de Word ou encore.. figure de style elekeniastique ? Mystère et boule de poils.

Eleken a dit…

Figure de style ou faute, je ne peux le dire, mais ça ne me plaît pas :op Et hop, petite correction