Au coin de l’œil.
Toujours.
Elle est là.
M’observant sans cesse. A chaque fois que je me retourne, elle disparaît, mais je sais qu’elle est là. Comme une ombre, un cauchemar à la lisière de ma conscience. Sans cesse, elle est là. Elle m’observe, me regarde. Je n’ose pas garder la même position. Je sais, oui je sais, que si je reste immobile trop longtemps, je finirais par sentir sur ma nuque ses doigts glacés et mort venant m’étouffer, m’étrangler. Et je ne le veux pas, je ne veux pas la laisser faire. Combien déjà, bientôt cinq jours que ce calvaires continu. Pourquoi Seigneur étais-je venu habiter en ces lieux. J’aurais dû laisser cette maison, là où elle était. Un héritage. Quelle joie ce fut au premier abord que cet héritage inespéré. Une lointaine tante, sans descendance, sans parent vivant. J’étais apparemment le seul que le notaire ai pu trouver m’avait-il affirmé. Maintenant pris au piège des serres mortelles de son fantôme, je ne crois plus en rien à tous ces boniments. Elle m’a choisie, m’a attirée ici. Je le sens, je le sais, elle veut prendre possession de mon corps, revivre par moi. Mais je ne la laisserais pas faire.
Et pourtant cela ne fait déjà plusieurs mois, que j’ai emménagé. Au début, tout ce passa très bien. J’ai trouvé un emploi dans la ville, j’ai rencontré mes voisins les plus proches, plusieurs centaines de mètres m’en séparaient tout de même. Ma vie, qui n’avait jamais été des plus chanceuse semblait avoir pris un tournant important. La maison, bien qu’ancienne, disposait néanmoins du confort moderne. Lampe au gaz, âtre large et chauffant bien, vitres hautes et lumineuses. C’était assurément la maison d’une branche aisée de ma famille. Sur les murs, des peintures, surtout des paysages ainsi que quelques portraits. Je trouvais assez vite celui de ma tante bienfaitrice, mais ne la reconnu nullement. Ses traits amers, son teint blafard, ses cheveux plat couleur corbeau, sa robe rouge, rien dans ses airs ne me rappelait un quelconque membre de ma famille.
Et puis, les cauchemars avaient commencés. D’horribles cauchemars dans lesquels j’étais poursuivi par une ombre dans les couloirs de cette maison. Au début, je crus à un simple effet de la solitude dans une grande maison, alors après le troisième cauchemar de cet acabit, je fis l’achat d’un petit chat, que j’appelais Gouache. Il était roux avec des taches blanches et m’apportât beaucoup de joie à jouer avec mes pieds. Mais les cauchemars continuèrent, et loin de se calmer, ils prirent en densité et réalisme. A tel point que je me réveillais de plus en plus souvent en hurlant la nuit. C’est à peu prêt il y a deux semaines, que j’ai commencé à la voir. D’avoir juste une ombre de temps à autre à la lisière de ma perception. A chaque fois je me retournais comme un fou, sursautant de peur, pour ne voir que le vide dans le couloir ou la peinture qui avait toujours été là. Je crus devenir fou jusqu’à qu’une nuit, me réveillant en hurlant, je la vie… Ma cousine, au pied de mon lit, son regard noir figé sur moi, le visage sévère. A l’instant où je la vis, elle disparu en hurlant dans les airs. Seul restât une odeur prononcée de souffre et un peu de poussière dans l’air. J’aurais pu croire à un nouveau délire, si je n’avais trouvé Gouache dans la cuisine un peu plus tard, planté sur la planche à pain avec un couteau… Mort, il s’était vidé de son sang. Aux traces dans le sang, il s’était débattu et avait mis de longues minutes à mourir.
Depuis ce jour, cela n’avait fait qu’empirer, jusqu’à ce que j’acquière la certitude que c’était moi qu’elle voulait. Je ne pouvais en parler à personne et j’étais dans une situation telle que je n’osais abandonner le domicile de peur de la rue, espérant au début que le phénomène disparaisse de lui-même. Malheur sur moi de l’avoir cru… Maintenant je ne peux même plus quitter ces lieux. A peine essaye-je de franchir la porte que mon esprit se tord de douleur et que mon crâne pulse mon sang. J’ai bien essayé, quitte à en mourir, hier soir. Je me rappel, confusément, dans un brouillard de douleur, avoir rampé vers l’extérieur, du sang coulant de mes oreilles et de mon nez… Mais rien n’y fit… Ce matin, je me suis réveillé sur le carrelage de la cuisine, sur sang séché sur tout le visage. Il semble, que dans mon agonie, j’ai fait demi-tour pour retrouver la maison où je pouvais survivre. Elle ne voulait pas que je parte, elle voulait se nourrir de moi, prendre possession de mes faculté… Cette tante qui, j’en venais à douter qu’elle fut la mienne, par quelques moyens démoniaques voulait revenir sur cette terre y répandre sa méchanceté. Que je regrette de n’avoir pas profité des premiers mois pour faire installer le téléphone. C’était, j’avais pu l’utilisait une fois auparavant, une invention qui m’aurait sans nul doute permis de me sauver. J’ai tenté de hurler par la fenêtre, mais hasard de la configuration géographique ou absence de ces derniers, personne n’est jamais venu. Cela fait maintenant cinq jours que je veille sans cesse, marchant sans cesse, sans trouver de solution. Dix que je ne suis pas allé à mon travail, mais apparemment, cela n’a surpris personne. J’arpente les couloirs, redoutant les endroits sombres, mais partout je la vois. Elle m’épie, attend le moment propice pour venir se noyer en moi, chasser mon âme de mon corps, infiltrer son ectoplasme méphitique dans mes muscles et mes trippes.
Je suis dans la cuisine, impuissant, épuisé. Ma vue palpite de noir, se confond, je sursaute sans cesse du sommeil qui irrémédiablement me gagne. Mes muscles tremblent bien malgré moi. Je sais que je ne tiendrais plus une heure. Si seulement je ne pouvais la voir. J’en suis arrivé à l’assurance que c'est le regard qui m’emprisonne par elle. Je suis sur que si j’arrivais à ne plus la voir alors son emprise s’évaporerais comme un nuage gracile un jour d’été. Cela fait déjà plusieurs que j’y pense, mais je ne me suis pas résolu… C’est affreux de faire ça, c’est affreux de le penser. Mais ai-je le choix ? Je ne veux pas être plongé dans les limbes et les abîmes des damnés. Je veux survivre ! Je veux vivre. C’est un rêve… Un cauchemar… Ma main s’avance et s’empare de l’outil de mon choix… Mon bras se pli. Je sens le cartilage craquer, je l’entends même. Un onde brûlante de douleur vibre dans mon visage et se propage à tout mon crâne, quand les pics de la fourchette pénètrent le globe de mon œil gauche. Des larmes épaisses à l’odeur cartilagineuse se répandent sur ma joue. Mon œil se vide, déborde. Ma tante… Je la vois encore au coin de mon œil droit, qui s’agite, qui me fait des signes, des supplications, me demandant d’arrêter… Je comprends que j’ai raison, que c’est là l’unique moyen… mon œil gauche sort de son orbite quand je tire dessus. La douleur se transforme en un flot insupportable. Je hurle en tombant à genou. Je rire encore… Cela résiste… Ne veux pas céder… Puis dans un claquement sec, dans une douleur électrique qui foudroie mon esprit, les tendons et le nerf lâche. Je tombe sur le sol en riant… J’ai réussi… En partis… Elle se rapproche de moi, je lui fais face… Elle recule mais ne disparaît pas. Elle semble me supplier. Déterminé, au mépris de l’étourdissement qui me prend, je plante la fourchette dans mon autre œil, me rendant complètement aveugle.
La nuit s’empli de mon rire dément.
J’ai réussi, dans l’obscurité, je suis vivant.
J’ai vaincu ma tante…
Mon rire se transforme en un hurlement quand des doigts acérés de méchanceté se posent sur mon cou et commencent à serrer.
Mon corps bascule.
Son corps se pose sur le mien.
Mes hurlements s’étouffent.
Dans l’abîme et le noir. Dans l’obscurité… Durant les dernières secondes de conscience, au bord de ce néant, j’aperçois une ombre blanche…
Son ombre.
mardi 4 décembre 2007
Dans le noir
--- Eleken,
Un petite nouvelle, ça faisait longtemps :o)
Bon j'ai pas vraiment eu le temps de la relire...
Ecrit par Eleken à 13:41
Catégorie : Mes textes, Nouvelles
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