Au fil de l'eau, mes doigts reposent sur la courbure de la rivière. Il n'y a pas de nuage cette nuit. Les étoiles sont claires et papillonnent dans l'obscurité comme des lucioles d'été. C'est la saison non ? C'est le temps des insectes, la vie et la morts de milliards d'êtres que nous-même considérons comme insignifiants... Que nous ne considérons pas... Tout bonnement. Voilà qui est bien paradoxale. Vivre et mourir. C'est si important pour nous, si important pour d'autres que la vie et la mort de tout ce qui nous entoure nous importe bien peu en comparaison de nos existences de mammifères pensants et parlants. L'intellect... La clef de la stupidité. J'aime à venir ici. Cette odeur, légèrement acre de moisie et de terre qui habite les berges de mai à septembre. En ce lieu qui n'est que dans ma tête... Là où je suis seul, loin du monde, loin de ce monde, loin des autres, loin des problèmes que me procurent la proximité des autres. Paradoxale encore une fois pour un être aussi proche de son ego que moi-même, aussi peu intéressé par le devenir des autres, que de me sentir au final tellement concerné par l'impact de ma personne sur leur devenir à eux... Non ? Le mal que je peux faire autour de moi... Vous ne trouvez pas ? Mais avec qui est-ce que je parle au fait ? Je suis seul ici, dans mon imagination, au bord de cette rivière, étendu sur cette herbe verte et odorante, bercé par le son des grillons, le chant des rainettes, l'odeur du vent, la quiétude de l'immuable voûte d'étoile qui m'apporte la certitude de n'être rien... Qui suis-je en ce lieu où je suis tout ? Précisément ce que je veux être... Rien. Une part de l'univers, une parcelle du néant, un rouage du tout... Une simple pièce parmi des milliards, moi-même étant l'ensemble de milliards. J'aime être cela... A la fois, tout et rien, infini et fini, rêveur et pragmatique... Tranquille... Ici, au bord de la rivière, dans un décor que je n'ai pas connu de ma vie. Des branches basses sur des arbres verdoyants, animées de mouvements si légers qu'ils m'échappent même quand je les vois, des insectes qui courent sur mes vêtements, si légers que je ne les sens pas même en devinant leur présence... Ici, je m'enferme, ce lieu est ma grotte, mon nirvana, mon lieu de repos. Ici je suis dieu, rien, homme, nature, insect et eau... Ici, je suis moi. Pensant et parlant à moi-même. Ici, je suis serein.
--- Eleken,
Il est un lieu où j'aime me rendre qui
n'est pas très loin de moi, mais dur à trouver.
Il est un lieu où j'aime me rendre qui
n'est pas très loin de moi, mais dur à trouver.
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