jeudi 13 juillet 2006

Lettre à Annia, jeudi 13 juillet, empire des Francs

Ma très chère amie,

Ici, la guerre est comme l’oiseau, elle vole. Mais elle vole des vies. Je sais que ce n’est pas gai. Mais le temps n’est pas au moral haut. Heureusement pour j’ai de toi cette photo, aux couleurs qui s’effacent, aux coins cornés de l’avoir trop serrée. Cette photo sur laquelle tu me jettes ce regard plein de vie et pour lequel je reste en vie.

Le soleil est haut dans le ciel, et la tranché ne présente nulle ombre ou m’abrité. Seul mon casque me protège de notre astre de vie, mais il est déjà brûlant, comme la terre contre laquelle je m’appuie pour t’écrire ces quelques mots. J’ai le regret de te dire que Paul, cet ami que je me suis fait ici sur les champs de bataille, et passé à trépas hier dans l’après-midi. Je l’ai pleuré. Il n’a pas souffert. Les germains ont envoyé un métropolitain d’azur, il n’a pas pus échapper aux gaz et aux flammes des freins d’arcannes. Je n’étais pas là lorsque c’est arrivé et de son corps, je n’ai pu me recueillir que sur des miettes noircies qui représentaient en tout douze de mes compagnons d’infortune.

Dire que cela ne fait que trois semaines que j’ai pris position ici, pourtant j’ai l’impression que toute ma vie d’avant est un rêve qui s’efface. Heureusement que tu es là, avec moi par le cœur et la pensée. Sans toi j’aurais déjà goûté la folie ou la sombre résignation qui semble toucher plusieurs de ces hommes qui m’entourent. Les rations de nourritures sont trop faibles et le temps pour dormir insuffisant. De toute façon la peur te tiens au ventre. Je n’ai pas vraiment dormi depuis tout ce temps et je crois que je n’arriverais pas à trouver le repos dans ce contexte.

Mais assez parlé de toutes ces choses déplaisantes. Parfois la vie s’éveille d’un peu de bonheur. Avant-hier par exemple nous avons fait une petite partie de football dans un carré un peu grand avec un casque bourré de vêtements. Et le matin, avant la reprise des combats intensifs, la rosée du matin est douce et le chant des quelques oiseaux merveilleux. Quant je regarde le ciel, je pense à celui que tu peux voir de ta fenêtre, et j’ai l’impression que tu es près de moi.

Je dois arrêter là mon récit, ma pause est terminée et mon encre me manque pour te dire à quel point je souhaite te serrer dans mes bras.


Avec la plus grande tendresse, je t’embrasse,

Alexis.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ben dis donc...

Eleken a dit…

Ô ces anonymes qui se cache derrière un rideau,
tirez donc l'étoffe,
que vous vous dévoiliez